Imaginez-vous pagayer au fil de l’eau, glissant silencieusement entre les roseaux d’une rivière paisible ou explorant les méandres secrets d’un cours d’eau préservé. Cette sensation de liberté absolue que procure le kayak semble presque trop belle pour être vraie dans notre société réglementée. Peut-on vraiment faire du kayak librement partout en France ? La question taraude nombre de passionnés de sports nautiques qui rêvent d’évasion aquatique sans contraintes.
La réalité juridique française réserve quelques surprises. Entre le principe fondamental de libre circulation sur l’eau et les restrictions locales parfois inattendues, naviguer dans le dédale réglementaire s’avère aussi complexe que de négocier des rapides tumultueux. Heureusement, une fois les règles comprises, faire du kayak librement devient une réalité accessible à tous.
Dans ce guide complet, nous décrypterons ensemble les subtilités de la réglementation française. Vous découvrirez où vous pouvez pagayer en toute tranquillité, quelles sont les limites à respecter et comment identifier les accès autorisés. Préparez-vous à transformer votre approche du kayak : fini les hésitations, place à l’aventure éclairée et responsable sur nos magnifiques cours d’eau.
L’eau appartient à tous selon la loi française
La France reconnaît un principe fondamental qui réjouira tous les amateurs de sports nautiques : l‘eau constitue un bien commun. L’article L210-1 du code de l’environnement proclame solennellement que l’eau “fait partie du patrimoine commun de la nation”. Cette déclaration n’est pas qu’une belle formule : elle établit juridiquement que personne ne peut s’approprier l’eau, même un propriétaire riverain qui aimerait privatiser “sa” portion de rivière.
Cette philosophie se traduit concrètement par la reconnaissance du droit de libre circulation des engins nautiques non motorisés sur l’ensemble du réseau hydrographique français. Avec plus de 430 000 kilomètres de cours d’eau sillonnant l’Hexagone, le terrain de jeu potentiel pour faire du kayak librement est gigantesque. Des torrents alpins aux paisibles rivières de plaine, en passant par les canaux historiques et les étangs de Sologne, la diversité des milieux aquatiques français offre des possibilités infinies.
La loi considère que cette liberté de navigation participe de la liberté fondamentale d’aller et venir, principe démocratique essentiel. Ainsi, qu’ils naviguent sur un cours d’eau domanial appartenant à l’État ou sur une rivière non domaniale traversant des propriétés privées, les kayakistes bénéficient théoriquement des mêmes droits de circulation. Cette égalité de traitement constitue l’un des piliers de la réglementation française du kayak.
Bien sûr, cette liberté s’exerce dans le respect d’autres principes tout aussi importants : la sécurité des usagers, la protection de l’environnement et les droits légitimes des riverains. Pour approfondir vos connaissances des règles de navigation, consultez notre guide complet du règlement de navigation qui détaille toutes les obligations légales du kayakiste.
Que dit précisément l’article l214-12
L’article L214-12 du code de l’environnement mérite qu’on s’y arrête tant il cristallise l’essence même du droit français en matière de navigation de loisir. Ce texte stipule qu’“en l’absence de schéma d’aménagement et de gestion des eaux approuvé, la circulation sur les cours d’eau des engins nautiques de loisir non motorisés s’effectue librement dans le respect des lois et règlements de police et des droits des riverains”.
Cette formulation juridique peut sembler complexe, mais son interprétation pratique est claire : vous pouvez faire du kayak librement sur quasiment tous les cours d’eau français. Le terme “engins nautiques de loisir non motorisés” englobe évidemment kayaks, canoës, paddles et autres embarcations à propulsion humaine. Si vous hésitez encore entre ces différentes options, notre guide canoë ou kayak vous aidera à faire le meilleur choix selon vos besoins et votre niveau. L’absence de moteur constitue un critère déterminant qui simplifie grandement la réglementation applicable.
La mention “dans le respect des lois et règlements de police” introduit néanmoins une nuance importante. Elle signifie que des restrictions peuvent s’appliquer localement, notamment pour des raisons de sécurité publique ou de protection environnementale. Ces limitations restent l’exception, le principe général demeurant la libre circulation.
Quant aux “droits des riverains”, ils se limitent essentiellement au respect de la propriété privée pour l’accès aux berges et à l’interdiction de troubles anormaux. Concrètement, vous ne pouvez pas traverser une propriété privée pour accéder à l’eau sans autorisation, ni organiser des festivités bruyantes qui dérangent le voisinage. En revanche, le simple passage silencieux en kayak ne constitue aucunement une atteinte aux droits des riverains.
Cours d’eau domaniaux et non-domaniaux
La distinction entre cours d’eau domaniaux et non-domaniaux structure toute la réglementation française de la navigation de plaisance. Cette classification juridique, héritée de notre histoire administrative, détermine qui possède quoi et influence directement vos droits de kayakiste. Comprendre cette subtilité vous évitera bien des malentendus sur l’eau.
Les cours d’eau domaniaux appartiennent intégralement au domaine public de l’État. Il s’agit généralement des fleuves et rivières les plus importants, ainsi que de leurs affluents principaux. Sur ces voies d’eau, l’État possède à la fois le lit, les berges et bien sûr l’eau qui s’y écoule. Cette propriété publique se traduit par une liberté de navigation maximale pour faire du kayak librement, sous réserve du respect des règles de sécurité et de police de la navigation.
Les cours d’eau non-domaniaux représentent la majorité du réseau hydrographique français. Sur ces rivières, ruisseaux et petits affluents, le lit et les berges appartiennent aux propriétés riveraines privées, chaque propriétaire possédant généralement la moitié du lit jusqu’à la ligne médiane fictive. Paradoxalement, cette propriété privée du “contenant” n’affecte pas le caractère public de l’eau qui s’y écoule, conformément au principe du patrimoine commun de la nation.
Cette situation particulière génère parfois des incompréhensions. Certains propriétaires riverains s’imaginent pouvoir interdire le passage des kayaks “sur leur terrain”. Or, le droit de navigation sur l’eau publique prime sur la propriété privée du lit. Vous pouvez donc faire du kayak librement même sur les cours d’eau non-domaniaux, en respectant simplement quelques limitations sur les possibilités d’accostage et de stationnement prolongé.
La jurisprudence française confirme régulièrement ce principe. Les tribunaux admettent même le droit d’accoster ponctuellement pour effectuer un portage ou faire une courte pause, considérant ces actions comme accessoires au droit de navigation. Cette interprétation libérale facilite grandement la pratique du kayak sur l’ensemble du territoire. Pour mieux comprendre les spécificités de chaque embarcation et leurs implications réglementaires, découvrez les différences entre canoë et kayak qui influencent parfois l’application des règles de navigation.
Les exceptions importantes à connaître
Malgré le principe général de libre circulation, certaines zones échappent au droit commun de la navigation. Ces exceptions méritent une attention particulière car elles peuvent transformer une sortie kayak prévue en mésaventure juridique. La connaissance de ces limitations vous permettra de planifier vos sorties en toute sérénité.
Les principales restrictions concernent :
- Étangs et lacs privés : Ces plans d’eau artificiel ou naturellement fermés ne communiquent pas avec le réseau hydrographique public. Leur propriétaire peut légitimement en interdire l’accès sans autorisation préalable
- Eaux closes : Mares, bassins de retenue, gravières abandonnées et autres étendues d’eau sans écoulement vers un cours d’eau public nécessitent l’accord exprès du propriétaire
- Zones de protection environnementale : Réserves naturelles, zones Natura 2000 et biotopes protégés peuvent faire l’objet d’interdictions temporaires ou permanentes de navigation
- Canaux commerciaux gérés par VNF : Voies Navigables de France applique des restrictions strictes sur les voies commerciales pour des raisons de sécurité et de fluidité du trafic
La difficulté pratique consiste souvent à identifier le statut exact d’un plan d’eau. Un étang peut paraître “naturel” tout en étant juridiquement privé s’il a été créé artificiellement ou s’il ne communique plus avec le réseau hydrographique. À l’inverse, certains lacs d’apparence fermée conservent un statut public en raison de leur alimentation par des sources ou de leur rôle de régulation hydrologique.
À retenir :
Sur les cours d’eau naturels, vous pouvez généralement faire du kayak librement. Pour les plans d’eau privés, une autorisation préalable est nécessaire.
Cette règle simple vous épargnera la plupart des problèmes. En cas de doute sur le statut d’un plan d’eau, mieux vaut se renseigner auprès de la mairie locale ou des services préfectoraux avant de mettre votre embarcation à l’eau.
Quand les préfets peuvent-ils restreindre la navigation
L’article L214-12 du code de l’environnement confère aux préfets des pouvoirs étendus pour réglementer localement la circulation des kayaks et autres engins nautiques non motorisés. Cette prérogative préfectorale constitue la principale source de restrictions à la liberté de navigation, justifiée par des impératifs de sécurité publique, de protection environnementale ou de conciliation entre différents usages de l’eau.
Les préfets peuvent prendre des arrêtés de restriction “après concertation avec les parties concernées”, formule qui implique théoriquement une consultation des clubs de kayak, des associations de riverains, des fédérations de pêche et autres usagers concernés. Cette procédure consultative vise à éviter les décisions arbitraires et à rechercher des solutions équilibrées respectant les intérêts de chacun.
Les motifs légitimes de restriction incluent la protection d’espèces animales sensibles pendant les périodes de reproduction, la prévention des conflits d’usage avec la pêche ou d’autres activités nautiques, la sécurité des navigation dans des secteurs dangereux, et la préservation de sites naturels fragiles. Ces limitations peuvent être temporaires, saisonnières ou permanentes selon les enjeux identifiés.
Concrètement, vous pouvez rencontrer des interdictions de navigation pendant la période de nidification des oiseaux d’eau (généralement de mars à juillet), des créneaux horaires réservés à la pêche (souvent tôt le matin et en fin de journée), des interdictions d’accès aux abords des barrages et ouvrages hydrauliques pour des raisons de sécurité, ou encore des zones de tranquillité absolue dans certaines réserves naturelles.
La bonne nouvelle est que ces arrêtés préfectoraux restent minoritaires à l’échelle nationale. La plupart des cours d’eau français ne font l’objet d’aucune restriction particulière, permettant de faire du kayak librement selon les principes du droit commun. Toutefois, leur existence justifie une vérification préalable, surtout lors de la découverte de nouveaux territoires de navigation.
Réglementations spéciales selon les zones
Certains espaces naturels bénéficient d’un statut de protection particulier qui influence directement les possibilités de navigation en kayak. Ces réglementations spéciales visent à concilier la préservation de milieux sensibles avec le développement d’activités de loisirs respectueuses de l’environnement.
Les parcs naturels nationaux appliquent généralement des règles strictes de préservation de la faune et de la flore. Dans ces espaces, faire du kayak librement peut être soumis à autorisation préalable ou limité à certains secteurs et certaines périodes. Les zones cœur des parcs nationaux font souvent l’objet d’interdictions totales de navigation, tandis que les zones périphériques peuvent autoriser une pratique encadrée.
Les réserves naturelles nationales et régionales mettent en place des réglementations sur mesure adaptées aux enjeux de conservation locaux. Certaines réserves interdisent totalement la navigation, d’autres l’autorisent uniquement sur des chenaux balisés ou pendant des créneaux horaires définis. Les réserves ornithologiques appliquent fréquemment des interdictions saisonnières pendant les périodes sensibles de reproduction.
Les sites Natura 2000, bien que moins restrictifs, peuvent également influencer les conditions de navigation. Ces zones de protection européenne privilégient généralement la sensibilisation et l’autorégulation plutôt que l’interdiction pure et simple. Des panneaux d’information expliquent les bonnes pratiques à adopter pour préserver les habitats naturels et les espèces protégées.
Une statistique révélatrice : la navigation est généralement autorisée entre 9 heures et 18 heures sur les cours d’eau soumis à des restrictions horaires. Cette plage correspond aux périodes d’activité humaine traditionnelles et évite les perturbations pendant les heures de quiétude de la faune sauvage, particulièrement importantes à l’aube et au crépuscule.
La question cruciale de l’accès aux berges
Pouvoir faire du kayak librement sur un cours d’eau ne résout qu’une partie du problème : encore faut-il pouvoir accéder à l’eau pour mettre son embarcation à flot. Cette question de l’accès aux berges constitue souvent le véritable enjeu pratique de la navigation de loisir, plus délicat à résoudre que le droit de circulation lui-même.
Le droit français établit une distinction fondamentale entre le droit de naviguer sur l’eau et le droit d’accéder aux berges. Alors que le premier est largement garanti par les principes de libre circulation, le second reste soumis au respect de la propriété privée. Cette dichotomie génère des situations paradoxales où vous avez le droit de naviguer sur une rivière sans pouvoir légalement y accéder.
Sur les cours d’eau domaniaux, l’État propriétaire des berges facilite généralement l’accès public en aménageant des points de mise à l’eau et des sentiers d’accès. Ces équipements publics constituent les solutions les plus sûres juridiquement pour débuter votre navigation. Les communes riveraines participent souvent à cet effort d’aménagement en créant des aires de lancement adaptées aux kayaks.
La situation se complique sur les cours d’eau non-domaniaux où les berges appartiennent aux propriétés riveraines privées. Traverser un terrain privé pour accéder à l’eau constitue théoriquement une violation de domicile passible d’amendes. Heureusement, la jurisprudence française a développé une approche pragmatique basée sur la présomption d’ouverture des terrains non manifestement fermés.
Selon cette doctrine, les terrains non clôturés ou dont l’interdiction d’accès n’est pas clairement signalée sont présumés ouverts au passage public. Cette présomption autorise l’accès aux berges par les chemins traditionnels, les sentiers non barrés et les espaces dépourvus de panneaux d’interdiction explicites. Une carte participative recensant les accès reconnus facilite grandement la préparation de vos sorties.
Comment identifier un accès autorisé
Reconnaître un point d’accès légal à l’eau demande un peu d’expérience et de bon sens. Cette compétence s’acquiert rapidement en observant les indices visuels et en appliquant quelques règles de prudence élémentaires. L’objectif est de débuter votre navigation sans risquer de complications juridiques avec les propriétaires riverains.
Les critères d’identification d’un accès autorisé incluent :
- Absence de panneaux d’interdiction : Un terrain dépourvu de signalisation “Propriété privée”, “Défense d’entrer” ou équivalent est présumé ouvert au passage
- Terrains non clôturés : L’absence de barrières, portails, grillages ou autres obstacles physiques indique généralement un accès toléré
- Accès municipaux ou communautaires : Points d’eau aménagés par les collectivités locales, souvent signalés par des panneaux d’information touristique
- Points de mise à l’eau aménagés : Cales de lancement, pontons flottants, escaliers d’accès spécialement conçus pour les embarcations légères
L’observation du terrain révèle souvent des indices précieux sur le statut d’un accès. Un sentier bien marqué menant à l’eau, des traces d’utilisation régulière par d’autres kayakistes, la présence d’équipements publics comme des poubelles ou des panneaux d’information constituent autant de signaux positifs. À l’inverse, méfiez-vous des accès traversant visiblement des jardins privés, des propriétés manifestement habitées ou des terrains agricoles en exploitation.
La règle de la courtoisie s’applique toujours : même sur un accès légalement autorisé, respectez les lieux, ne laissez aucun déchet, refermez les barrières agricoles après votre passage et évitez les nuisances sonores. Cette attitude respectueuse préserve la tolérance des riverains et maintient l’accès ouvert pour les futurs utilisateurs.
Trouvez votre matériel de transport kayak pour faciliter vos déplacements entre le véhicule et les points de mise à l’eau, même lorsque l’accès nécessite un petit portage.
Kayak en rivière vs kayak en lac vs kayak en mer
Chaque environnement aquatique impose ses propres spécificités réglementaires qu’il convient de maîtriser pour faire du kayak librement en toute légalité. Ces différences reflètent les enjeux particuliers de sécurité, d’environnement et de gestion propres à chaque milieu. Une bonne compréhension de ces nuances vous évitera les mauvaises surprises réglementaires.
En rivière, la réglementation se concentre principalement sur la gestion des conflits d’usage et la protection des milieux naturels. Les restrictions portent généralement sur les horaires de navigation pour préserver la tranquillité de la pêche, les zones de protection de la faune pendant les périodes sensibles, et les règles de priorité avec les autres embarcations. La navigation y est généralement libre, mais demande une vigilance particulière dans les secteurs d’eaux vives où des arrêtés préfectoraux peuvent imposer des niveaux minimum de compétence.
Les lacs et grands plans d’eau relèvent souvent d’une réglementation similaire à la navigation maritime, surtout lorsqu’ils atteignent une taille importante. Ces espaces peuvent faire l’objet de règlements particuliers de police de la navigation définissant des zones réservées à certaines activités, des limitations de vitesse, des créneaux horaires spécifiques et des équipements de sécurité obligatoires. La cohabitation avec la navigation à moteur y constitue l’enjeu principal.
En mer, la réglementation distingue nettement les kayaks selon leur longueur. Les embarcations de moins de 3,5 mètres sont classées comme “engins de plage” et ne peuvent s’éloigner à plus de 300 mètres d’un abri, endroit où le kayakiste peut accoster et débarquer sans aide extérieure. Cette limitation restrictive vise à prévenir les accidents en cas de conditions météorologiques dégradées ou de problème technique.
Les kayaks de plus de 3,5 mètres bénéficient d’un statut d’embarcation leur permettant de naviguer jusqu’à 2 milles nautiques d’un abri, sous réserve de respecter des équipements de sécurité renforcés : gilet de sauvetage, bout d’amarrage avec mousqueton de la longueur du kayak, pagaie de secours, et dispositif de signalisation sonore. Cette réglementation maritime vise à adapter les exigences de sécurité aux capacités réelles de chaque type d’embarcation.
Cas particuliers des canaux et voies commerciales
Les canaux français constituent un réseau spécifique soumis à des règles particulières qui dérogent largement au principe général de libre circulation. Ces voies d’eau artificielles, héritées de l’histoire industrielle et commerciale du pays, conservent souvent leur vocation de transport de marchandises et de navigation de plaisance à moteur, ce qui complique l’intégration des kayaks.
Voies Navigables de France (VNF), établissement public gestionnaire du réseau canalisé, applique des restrictions strictes sur la plupart des canaux encore en activité commerciale. Ces limitations visent à préserver la sécurité de tous les usagers et à maintenir la fluidité du trafic commercial. Sur ces voies, faire du kayak librement peut être totalement interdit ou soumis à des autorisations spéciales difficiles à obtenir pour les particuliers.
Certains canaux bénéficient néanmoins d’accords particuliers négociés entre VNF et la Fédération Française de Canoë-Kayak. Ces conventions autorisent la navigation des clubs affiliés selon des modalités précises : créneaux horaires définis, itinéraires balisés, encadrement qualifié obligatoire. Ces accords représentent souvent la seule possibilité légale de naviguer en kayak sur le réseau canalisé.
Les zones interdites près des écluses méritent une attention particulière. Ces ouvrages hydrauliques génèrent des courants violents et imprévisibles extrêmement dangereux pour les kayaks. Des périmètres de sécurité, généralement matérialisés par des bouées ou des panneaux, interdisent l’approche des sas d’écluses. Le non-respect de ces interdictions expose à des sanctions pénales et surtout à des risques mortels.
La règle générale reste prudente : considérez les canaux comme interdits à la navigation libre en kayak sauf autorisation explicite contraire. Cette approche préventive vous épargnera les complications administratives et les risques sécuritaires inhérents à ces voies d’eau techniques. Les rivières et cours d’eau naturels offrent heureusement un terrain de jeu suffisamment vaste pour satisfaire toutes les envies d’évasion aquatique.
Comment se renseigner avant de partir
L’information préalable constitue la clé d’une sortie kayak réussie et légale. Cette démarche de renseignement, loin d’être une contrainte administrative, vous fera gagner du temps et vous évitera les déconvenues sur le terrain. Plusieurs sources fiables permettent de vérifier rapidement les conditions de navigation sur votre secteur de prédilection.
Les sources d’information essentielles comprennent :
- Sites préfectoraux : Les préfectures publient en ligne les arrêtés de restriction temporaire ou permanente. Une recherche par département et par cours d’eau vous donnera les informations officielles les plus récentes
- Clubs locaux FFCK : Les associations affiliées à la Fédération Française de Canoë-Kayak disposent d’une connaissance intime de la réglementation locale et des habitudes du terrain
- Applications mobiles dédiées : Plusieurs applications recensent les points d’accès autorisés, les restrictions en vigueur et les conditions de navigation en temps réel
- Offices de tourisme : Ces structures locales centralisent les informations touristiques et connaissent généralement les possibilités de navigation dans leur secteur
La consultation météorologique reste indispensable avant toute sortie. Météo-France propose des prévisions spécialisées pour les activités nautiques incluant force du vent, hauteur des vagues, visibilité et phénomènes dangereux. Ces informations conditionnent non seulement votre sécurité mais aussi la légalité de votre navigation, certains arrêtés préfectoraux interdisant la navigation par conditions météorologiques dégradées.
Les réseaux sociaux spécialisés et les forums de kayakistes constituent également des sources précieuses d’information pratique. Les retours d’expérience d’autres pratiquants vous renseigneront sur l’état réel du terrain, les éventuelles difficultés d’accès et les bonnes pratiques locales. Cette information “terrain” complète utilement les données officielles parfois trop générales.
Les bons réflexes du kayakiste responsable
Adopter une attitude responsable sur l’eau va bien au-delà du simple respect de la réglementation. Cette démarche éthique contribue à préserver l’image positive du kayak auprès des autres usagers et des riverains, garantissant ainsi la pérennité de notre liberté de navigation. Quelques réflexes simples transforment chaque sortie en ambassade de bonne volonté pour notre activité.
Le respect des horaires de navigation constitue la première règle de courtoisie. Même lorsqu’aucune interdiction formelle n’existe, évitez les créneaux de forte activité halieutique (petit matin et fin de journée) et les périodes de tranquillité familiale (repas, sieste). Cette attitude prévenante maintient de bonnes relations avec les pêcheurs et les riverains, deux populations influentes pour l’évolution de la réglementation locale.
L’interdiction de bivouaquer sans autorisation mérite d’être scrupuleusement respectée. Le camping sauvage sur les berges, même pour une nuit, constitue une infraction passible d’amendes et génère des conflits avec les propriétaires riverains. Privilégiez les aires de bivouac officielles, les campings ou l’hébergement chez l’habitant pour vos séjours itinérants. Cette démarche légale contribue en outre à l’économie touristique locale.
Les règles de priorité sur l’eau demandent une attention constante. “Les kayaks doivent céder le passage aux embarcations de plus de 15 mètres” en raison de leur capacité de manœuvre limitée et de leur inertie importante. Cette priorité accordée aux gros navires s’impose également par simple prudence : un kayak reste toujours vulnérable face à une péniche ou un bateau de plaisance à moteur.
La gestion des déchets relève de la responsabilité élémentaire de tout usager de la nature. Ramenez systématiquement vos détritus, y compris les plus anodins comme les pelures de fruits qui perturbent l’équilibre des écosystèmes aquatiques. Mieux encore, participez au nettoyage des cours d’eau en récoltant les déchets abandonnés par d’autres utilisateurs moins scrupuleux.
Une technique de navigation maîtrisée contribue également à votre sécurité et au respect de l’environnement. Apprenez à bien utiliser votre pagaie de kayak pour naviguer efficacement sans épuiser inutilement vos forces, particulièrement important lors des longues sorties où le respect des horaires devient crucial.
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Conclusion
La question “peut-on faire du kayak librement en France” appelle une réponse nuancée : oui, on peut faire du kayak librement, mais cette liberté s’exerce dans un cadre réglementaire qu’il convient de maîtriser. Le principe fondamental de libre circulation sur l’eau publique garantit l’accès à l’immense majorité du réseau hydrographique français, soit plus de 430 000 kilomètres de cours d’eau potentiellement navigables.
Les restrictions restent l’exception et concernent principalement les eaux closes privées, certaines zones de protection environnementale et les canaux commerciaux. Cette liberté encadrée permet à chaque kayakiste de trouver son bonheur, du paisible canotage familial sur les rivières de plaine aux descentes sportives en eaux vives des massifs montagneux.
Les points essentiels à retenir : l’eau appartient à tous selon la loi française, les cours d’eau naturels sont généralement libres d’accès, les restrictions préfectorales restent minoritaires et géographiquement limitées, l’accès aux berges peut poser plus de difficultés que la navigation elle-même, et chaque environnement aquatique (rivière, lac, mer) impose ses spécificités réglementaires.
Cette connaissance réglementaire, loin de brider votre passion, vous libère des hésitations et vous ouvre les portes d’une pratique sereine et responsable. Équipez-vous du matériel adapté, formez-vous aux techniques de navigation, respectez l’environnement et les autres usagers : vous découvrirez alors que faire du kayak librement en France n’est pas un rêve inaccessible mais une réalité quotidienne pour des milliers de passionnés.
L’aventure vous attend sur nos magnifiques cours d’eau. À vous de pagayer vers elle en toute légalité et en toute sécurité, fort de cette nouvelle expertise réglementaire qui transformera vos sorties kayak en moments de pur bonheur aquatique.